Ce numéro propose de s'intéresser aux pratiques de frontière - en distinguant passages, parcours et relations sociales - que celles-ci soient institutionnalisées ou non :frontières des Etats comme frontières d'espaces culturels et sociaux définis et délimités par différentes modalités d'organisations...
Les conflits sanglants que connaît la corne de l'Afrique depuis plusieurs décennies provoquent l'accumulation en Egypte de nombreux migrants forcés. Ceux-ci, dans l'attente d'une éventuelle reconnaissance de leur statut de réfugié décerné par les représentants locaux du Haut Commissariat aux Réfugiés, doivent assurer leur survie et retrouver leur capacité à agir...
Rapports de voisinage entre deux populations de déplacés (Sud Soudanais et Egyptiens du Sud) en Egypte, dans une zone irrégulière de la mégapole cairote. Territoire essentiellement marqué par la violence des rapports sociaux dont sont victimes les Sud Soudanais.
Un nouveau style musical urbain s'est développé au Caire depuis une trentaine d'années. L'analyse de ce courant musical souvent qualifié de «populaire» est l'occasion d'introduire aux usages et significations de cette notion ambiguë dans la musique egyptienne. Cela conduit à envisager la façon dont les acteurs du monde de la musique en Egypte s'orientent, s'accordent ou s'opposent pour en délimiter les frontières...
Un des enjeux de ce numéro est de confronter quelques recherches du programme interministériel d'histoire et d'évaluation des villes nouvelles du ministère de l'Équipement à des exemples venus d'autres pays, pour essayer de comprendre à quels types de conjoncture correspondait la fabrication de ces villes.
Nationalismes, minorité, identité, communauté... Ces termes qui ont fait un retour en force dans les années 1990 prennent une résonance particulière en Méditerranée orientale, des Balkans à l'Egypte en passant par la Turquie et le Proche-Orient. Il s'agit là d'un espace traversé par trois dynamiques politiques majeures : affirmations nationales vigoureuses pour compenser une légitimité étatique souvent précaire, mobilisation de l'ethnicité à l'intérieur des ensembles politiques existants, organisation transnationale des identités à la faveur du développement des diasporas et de l'essor de l'immigration. Tous ces phénomènes redéfinissent insensiblement la place de l'Etat, les relations entre groupes, bref, les contours du nationalisme sur le flanc oriental du bassin méditerranéen.
Le livre, qui procède d'un travail de terrain éclaté, nous promène à travers les capitales de trois pays africains : Bomato, Le Caire et Conakry. Il rompt avec l'approche classique de l'anthropologie qui privilégie le local par rapport au global et répond au souci de cerner au plus près les contours d'une véritable multinationale culturelle : le N'Ko qu'illustre les " branchements " possibles d'une culture sur une autre. De la globalisation à l'afrocentrisme, de l'écriture à la philosophie africaine et au génocide, la thématique du branchement permet de décliner les différentes figures qui font de l'Afrique un concept à géométrie variable.
Article évoquant les principales étapes et mutations démographiques, géographiques, socioculturelles, socio-économiques et religieuses, conséquences des flux migratoires.
Le dernier quart du XXe siècle a été marqué par l'émergence, puis le déclin, des mouvements islamistes-un phénomène aussi spectaculaire qu'inattendu. Alors que le repli de la religion dans la sphère privée semblait un acquis du monde moderne, on vit apparaître, dans les années 1970, des groupes politiques qui ne juraient que par le Coran, se réclamaient du jihad-le combat sacré pour la cause de Dieu-et voulaient instaurer l'Etat islamique. Après une première vague, qui culmina avec la révolution iranienne de 1979, l'islamisme, favorisé par le recul du messianisme socialiste, se répandit dans l'ensemble du monde musulman, tandis que l'Iran et l'Arabie saoudite, conservatrice, s'en disputaient férocement l'hégémonie. Déclenché l'année suivante en Afghanistan contre l'URSS, le jihad devint la cause islamiste par excellence, contaminant et exacerbant partout les conflits : en Egypte et en Algérie notamment où les groupes radicaux s'engagèrent dans une escalade de la violence qui leur aliéna peu à peu la population. En dépit de poussées parfois spectaculaires-jusque dans les pays occidentaux-, dès la seconde moitié des années 1990, de la Turquie à l'Indonésie, de l'Egypte à l'Algérie et aux banlieues européennes, le déclin était manifeste. Tout indique aujourd'hui que l'heure du postislamisme a sonné, et que les sociétés musulmanes vont entrer de plain-pied dans la modernité, selon des modes de fusion inédits avec le monde occidental. C'est donc le bilan de vingt-cinq ans d'islamisme que dresse Gilles Kepel dans ce livre, où le mouvement est analysé dans ses diverses dimensions : historique, culturelle et sociale. Et cette synthèse originale, à la fois savante et claire, permet, pour la première fois, de comprendre un des principaux phénomènes politico-religieux de la fin du XXe siècle.
Les déplacements forcés de population entraînent des changements identitaires profonds et durables. Ces derniers se traduisent par une transformation du rapport au territoire et relèvent de ce fait de l'approche géographique même si le déplacement "spatial" n'est pas le facteur principal de bouleversement. Le Sud-Soudan est un cas d'autant plus intéressant que les migrations forcées dues à l'esclavage, puis aux guerres civiles successives, y sont anciennes et massives. Elles ont entraîné, dans leur diversité, des bouleversements socioculturels considérables qui tendent à brasser les peuples de l'ensemble de ce vaste pays. Elles se conjuguent avec une urbanisation rapide dans le Nord, en particulier dans les périphéries de Khartoum, la capitale.
Les interventions regroupées dans ce chapitre traitent de la spécificité des relations chrétiens-musulmans dans les pays considérés. Elles font état de la coexistence des religions, de la cohabitation des communautés, du statut social des minorités religieuses et également des problèmes identitaires, des discriminations. De façon générale, elles mettent l'accent sur les efforts de dialogue et les diverses actions entreprises en vue du rapprochement des communautés et de leur entente.
Cet article évoque les multiples facettes d'un sujet d'actualité encore trop peu exploré, i.e. la mobilité forcée. Cette question est abordée à travers les formes de mouvement et déplacement de population qui marquent l'histoire récente des migrations Sud-Sud. L'auteur souligne tout d'abord certains critères qui confèrent à la mobilité forcée une place à part dans le phénomène migratoire. De plus, il remet en question les catégories de migrant forcé, leur signification et leur reconnaissance au regard du droit international et des politiques migratoires. La construction d'une typologie des mobilités forcées en fonction des motifs de départ semble enfin témoigner de l'ampleur du champ d'étude.
Considérant d'une part que l'étude sur le terrain des transferts de population en cours de réalisation est rarement possible et, d'autre part, que les catégories usuelles d'analyse fondées sur la distinction entre "mouvement forcé" et "mouvement volontaire" masquent une réalité bien plus complexe, l'auteur propose de centrer l'analyse sur les pratiques et les symboliques que les populations concernées sélectionnent pour faire face aux déplacements. A partir de l'ethnographie d'un groupe nubien d'Egypte, migrant depuis l'Antiquité et transféré en Nouvelle Nubie en 1963, lors de la construction du barrage d'Assouan, le chercheur interroge les relations d'une population migrante à son territoire réel et mythique. De même, il montre comment un groupe peut transformer la contrainte migratoire en un élément identitaire valorisé et rend compte du rôle fondamental des interrelations entre migrants et sédentaires.
L'ouvrage présente plusieurs articles ayant trait à la question des relations hommes/femmes ainsi qu'aux représentations du féminin et du masculin en Afrique du Nord et dans des contextes d'immigration en Europe. Les études concernant les milieux d'immigration sont les suivantes : 1) Se faire femmes entre le Caire et Paris ; 2) Différenciation hommes/femmes dans les populations immigrées ; 3) "Islam-action" et glissement des frontières de genre.
Les enjeux du libre-échange et de l'intégration régionale face à l'avenir des migrations dans le Bassin méditerranéen sont considérés sous trois aspectsdans ce chapitre : 1) Le bilan de la situation démographique (fécondité, flux migratoires), 2) la diversité du développement économique et des échanges euro-méditerranéens et le pari de l'ouverture commerciale, 3) les caractéristiques du marché du travail au Maghreb, en Egypte et en Turquie (effets de la libéralisation des échanges sur l'offre et la demande, adaptation de la main-d'oeuvre aux nouveaux niveaux de qualification requis) et les risques d'augmentation du potentiel migratoire.